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HERTEL DE ROUVILLE, JEAN-BAPTISTE, enseigne, lieutenant, capitaine à l’île Royale (île du Cap-Breton), commandant de Port-Dauphin (Englishtown), chevalier de Saint-Louis, né à Trois-Rivières le 26 octobre 1668, troisième fils de Joseph-François Hertel et de Marguerite de Thavenet, inhumé à l’île Royale le 30 juin 1722.

Comme tous les membres de sa famille, Hertel de Rouville commença jeune à porter les armes. Il s’était déjà fait la main dans des escarmouches lorsqu’il accompagna son père et deux de ses frères à la campagne du gouverneur Brisay de Denonville contre les Tsonnontouans en 1687. Il fut également de l’expédition conduite par son père qui rasa le village de Salmon Falls à l’hiver de 1690 et, quelques mois plus tard, de la résistance de Québec contre Phips*. À peine a-t-il atteint sa majorité qu’il est mûr pour le commandement des attaques-surprise dont son père avait perfectionné la tactique.

Le premier raid d’envergure que dirige Hertel de Rouville a lieu en 1704 et se déroule de la même façon que celui auquel il participa sur Salmon Falls 13 ans auparavant, sauf que le détachement est plus nombreux : 250 hommes, dont 50 Canadiens et 200 Indiens abénaquis et iroquois de Sault-Saint-Louis (Caughnawaga). Il s’agit cette fois de venger les Abénaquis qui viennent de subir une sanglante razzia et qui ont demandé l’aide de Rigaud de Vaudreuil. Quatre frères du commandant sont au nombre des volontaires français. L’expédition n’a pas d’objectif précis ; il s’agit de représailles. Le sort tombe sur le petit bourg de Deerfield aux abords duquel les assaillants arrivent dans la nuit du 28 au 29 février (du 10 ou 11 mars, nouveau style). Grâce à la neige amoncelée le long des palissades, ils s’introduisent sans bruit à l’intérieur et le massacre commence : 54 habitants sont tués (Bancroft en compte 47) et environ 120 sont faits prisonniers. Au nombre de ces derniers se trouve le pasteur John Williams, dont l’épouse a été tuée au cours du raid, et trois de ses enfants. Du côté français on compte trois morts et une vingtaine de blessés, dont Rouville lui-même. Dès l’automne de la même année, Hertel de Rouville commande un groupe d’Abénaquis à Plaisance (Placentia), où il va prêter main-forte à Auger de Subercase. Il se rend alors maître d’un fort anglais.

Quatre ans plus tard, en 1708, le gouverneur donne à Rouville et à Jean-Baptiste de Saint-Ours* Deschaillons le commandement d’une expédition du même genre. L’objectif cette fois doit être le port de mer de Portsmouth (N. H.). À la dernière minute, une épidémie s’étant déclarée parmi les indiens alliés, ceux-ci y voient un mauvais présage et refusent de faire partie de l’expédition. Ayant à peine 200 combattants, les commandants jugent qu’il serait imprudent de s’en prendre au port fortifié, et choisissent le petit village inoffensif de Haverhill, sur la rivière Merrimack. L’église et les maisons environnantes sont incendiées, une quinzaine de personnes sont tuées, dont le pasteur Benjamin Rolfe et sa femme. Sur le chemin du retour la petite troupe, retardée par les prisonniers (la plupart femmes, vieillards et enfants), est attaquée par un détachement conduit par le capitaine Ayer. Le combat s’engage et les Français forcent l’ennemi à s’enfuir. Au nombre des morts se trouvent Pierre Jarret de Verchères et René Hertel de Chambly, frère d’Hertel de Rouville. Un autre Verchères, Louis, est fait prisonnier.

À l’été de 1709, Hertel de Rouville dirige, à la demande de Vaudreuil et des alliés indiens qui l’ont nommément réclamé comme chef, un autre raid aux abords de Deerfield pour prévenir une attaque possible contre Montréal. On compte plusieurs morts du côté anglais et particulièrement deux prisonniers, John Arms et son beau-frère Joseph Closson. Conduits à Sault-Saint-Louis, tous deux sont condamnés à courir la bouline, grande attraction pour les Indiens. Les autorités françaises cherchent en vain à échanger l’officier Arms contre l’enseigne de Verchères : les Anglais réservent l’échange de ce dernier contre une fille du pasteur Williams.

Le gouverneur de Boston, Joseph Dudley, chercha un compromis avec Vaudreuil. Il y eut plusieurs échanges de prisonniers, mais la menace de représailles continuait à planer. Pendant un certain temps chaque village de la Nouvelle-Angleterre fut aux aguets. C’est ce que désiraient les autorités françaises, qui d’ailleurs traitèrent les prisonniers anglais avec humanité. Hertel de Rouville et ses hommes étaient devenus la terreur des soldats et des habitants.

Les prodiges de bravoure et de rapidité d’exécution avaient contribué pour beaucoup à la réputation de grand guerrier attachée au nom d’Hertel de Rouville. Il faut dire cependant que ses plus importants faits d’armes ont été accomplis contre des populations sans défense et qu’il a dû, pour conserver la sympathie de ses alliés indiens, laisser exécuter des actes de barbarie indignes d’êtres civilisés. D’autre part, l’effet psychologique de ces attaques imprévues fut considérable. On conçoit que ce commandant formé aux méthodes indiennes de combat n’eut jamais bonne presse auprès des chroniqueurs et des historiens anglais qui. ont relaté ces événements. Ansel Phelps le qualifie ainsi : « un officier d’un grand courage, mais très cruel et assoiffé de vengeance ». Relatant le massacre de Haverhill, George Wingate Chase parle de « l’infâme Hertel de Rouville, le pilleur de Deerfield ».

Par la suite, les autorités voulurent confier à Hertel des missions plus calmes, car sa santé ne lui permettait plus de spectaculaires randonnées. En 1710 il est délégué à Boston avec un de ses plus fidèles lieutenants, Simon Dupuy, pour tâcher de régler les détails de certaines ententes avec les chefs anglais. Le 24 février 1713, le ministre de la Marine avisait M. de Vaudreuil de choisir « 40 ou 50 des meilleurs travailleurs » de la Nouvelle-France et de les envoyer à l’île du Cap-Breton pour y travailler aux fortifications et ce, sous le commandement du sieur Hertel de Rouville. Ce dernier s’y rendit avec sa famille qu’il logea à Port-Toulouse (St. Peters). Il signa avec les autres officiers l’acte de prise de possession de l’île. L’année suivante, le gouverneur Pastour de Costebelle l’envoie avec le capitaine Louis Denys* de La Ronde et l’ingénieur Jean-Baptiste de Couagne explorer la côte nord de l’île. Sur la foi du rapport fourni, Rouville reçoit en 1715 l’ordre d’aller avec ses hommes bâtir à Port-Dauphin une forteresse, comprenant un magasin, une forge et un four, des casernes et un hôpital. Le travail est mené rondement et terminé avant l’hiver, ce qui vaut à Rouville la considération du gouverneur de l’île, qui le qualifie de « phoenix de labeur ».

Les établissements de l’île du Cap-Breton servent plutôt à la défensive, et Hertel de Rouville est un homme d’attaque. Les autorités s’en rendent compte et, le 14 octobre 1716, Vaudreuil demande au Conseil de Marine de le renvoyer en Canada « Parce qu’il n’en connaît point de plus propre à envoyer parmi ces nations sauvages [...], tant par l’ascendant qu’il a sur ces nations que par ce qu’il est d’ailleurs capable de s’opposer à toutes les Entreprises que les Anglais pourroient faire dans cette partie du Continent ». Le conseil se rend à la demande du gouverneur et Rouville en est informé le 7 juillet 1717. Mais l’ordre est contremandé, car on prévoit une attaque des Anglais du côté de l’Acadie et la présence de Rouville est, croit-on, de nature à faire réfléchir l’ennemi. En 1719 il se rend en France lever une recrue pour renforcer la garnison de Port-Dauphin. Il est encore commandant de ce fort lorsqu’il meurt prématurément, à peine âgé de 54 ans. Il est inhumé le 30 juin 1722, un mois environ après son père.

Hertel de Rouville avait été fait chevalier de Saint-Louis quelques mois avant sa mort, soit le 23 décembre 1721. Il s’était marié deux fois. Le 23 novembre 1698, il avait épousé à Trois-Rivières Jeanne Dubois qui mourut moins de deux ans après. Le 6 février 1708 il s’alliait à Marie-Anne Baudouin, fille aînée du médecin québécois Gervais Baudouin*. Le contrat de mariage, rédigé deux jours plus tôt par le notaire Genaple, donna lieu à une impressionnante cérémonie en l’hôtel des intendants Jacques et Antoine-Denis Raudot, en présence du gouverneur de Vaudreuil, de son épouse et des principaux citoyens tant civils que militaires. Plusieurs enfants naquirent de ce mariage, dont Jean-Baptiste-François, qui fit comme son père une carrière militaire et fut fait chevalier de Saint-Louis en 1762, et René-Ovide*, né à Port-Toulouse le 6 septembre 1720, qui devint juge et épousa la frivole Louise-Catherine André* de Leigne, au grand désespoir de sa mère.

Hertel de Rouville avait obtenu du gouverneur Buade* de Frontenac le 8 janvier 1694 une seigneurie voisine de celle de son père et à laquelle il donna son nom. On comprend qu’il ne put jamais la mettre en valeur. Avant son départ pour l’Acadie, il avait élu domicile à Montréal, rue Saint-Paul, dans une maison que Mme Baudouin avait donnée en dot à sa fille. En 1724, sa veuve rendait foi et hommage au gouverneur pour la seigneurie de Rouville et obtenait en même temps une gratification de 300#, prise sur le trésor royal, « en considération des services de son mari ».

Raymond Douville

AJQ, Greffe de François Genaple, 4 févr. 1708.— Coll. de manuscrits relatifs à la N.-F., I : 455–461, 497s.— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1938–39 : 28, 43, 44, 54, 56, 62 ; 1939–40 : 428, 431s ; 1942–43 : 428, 429 ; 1947–48 : 151, 167, 196, 197, 228, 327, 334.— Fauteux, Les Chevaliers de Saint-Louis.— Albert Gravel, Pages dhistoire régionale (Sherbrooke, 1966). Pour de plus amples renseignements bibliographiques, V. Joseph-François Hertel de La Fresnière.

Bibliographie générale

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Raymond Douville, « HERTEL DE ROUVILLE, JEAN-BAPTISTE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/hertel_de_rouville_jean_baptiste_2F.html.

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Auteur de l'article:    Raymond Douville
Titre de l'article:    HERTEL DE ROUVILLE, JEAN-BAPTISTE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    18 mars 2024