DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

ROBINSON, ELIZA ARDEN – Volume XIII (1901-1910)

décédée le 19 mars 1906 à Victoria

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

STEVENS, PAUL (baptisé Paul-Jules-Joseph), professeur, littérateur et précepteur, né à Bruxelles, le 1er mai 1830, fils de Jacques-Joseph Stevens, entrepreneur de travaux publics, puis chef de bureau au ministère de la Guerre, et d’Adélaïde-Rose-Josephe Wautier, décédé à Coteau-du-Lac, Québec, le 29 octobre 1881.

C’est vraisemblablement avant juillet 1854, après des études à l’université de Bruxelles, que Paul Stevens immigre au Canada. Il se fixe d’abord à Berthier-en-Haut (Berthierville, Québec), où il épouse le 10 mai 1855 Marie Valier, dit Léveillé ; ils eurent au moins quatre fils. C’est d’ailleurs de Berthier-en-Haut, où il exerce la profession d’instituteur, qu’il fait parvenir en 1856 à des journaux, tels le Pays, la Patrie et l’Avenir de Montréal, et le National de Québec, plusieurs apologues réunis pour la plupart l’année suivante dans son recueil de Fables. En août et septembre 1856, un différend l’oppose au rédacteur du Journal de Québec qui, le 20 août, à l’occasion des fêtes commémorant à Bruxelles le 25e anniversaire du règne du roi Léopold Ier, accuse le peuple belge de voler et de dénigrer la France depuis 26 ans. Blessé dans son orgueil, Stevens entretient dans les pages du Pays une violente polémique, sommant « l’écrivailleur » du Journal de Québec de se rétracter. Le National, journal libéral, ne manque pas de reproduire les lettres de l’écrivain belge et lance des flèches au journal rival. La querelle s’éteint le 26 septembre.

Peu de temps après cette polémique, Paul Stevens aurait été nommé, selon Édouard-Zotique Massicotte*, collaborateur de la Patrie, fondée à Montréal le 26 septembre 1854 par Alfred-Xavier Rambau*, mais il n’est pas possible de le confirmer. À l’automne de 1857, il devient professeur de français puis principal du collège de Chambly. En juillet 1858, Stevens s’installe à Montréal et donne des cours de français et de dessin. Il participe alors plus activement aux travaux du Cabinet de lecture paroissial qu’il fréquente depuis sa fondation et y prononce plusieurs conférences reproduites pour la plupart dans l’Écho du Cabinet de lecture paroissial. En mai 1860, avec Édouard Sempé et Charles Sabatier [Wugk*], il fonde à Montréal l’Artiste, journal « religieux, critique, littéraire, industriel et musical ». Mais, comme nombre de périodiques de ce genre, le journal disparaît après le deuxième numéro, faute d’abonnés, empêchant ainsi les rédacteurs « de montrer à la vieille Europe que [le Canada] aussi a ses littérateurs, ses musiciens et ses poètes ».

Après la tentative infructueuse de l’Artiste, Stevens reprend l’enseignement du français à l’établissement de William Doran à Montréal. Plus tard, secrétaire privé de l’abbé Étienne-Michel Faillon*, il publie dans l’Écho du Cabinet de lecture paroissial sous le titre d’« Esquisses nationales » une série d’études consacrées aux personnages de notre histoire, tels Catherine Thierry (Primot), Jean de Lauson* fils, Adam Dollard* Des Ormeaux, ou aux événements, telle la bataille de la Monongahéla. Il est encore l’auteur d’un long « Exposé des principaux événements arrivés en Canada depuis Jacques-Cartier jusqu’à la mort de Champlain », publié entre le 11 juin 1864 et le 15 juillet 1865. Outre les ouvrages de Faillon, il connaît les travaux de Gabriel Sagard*, François Dollier* de Casson, Pierre-François-Xavier de Charlevoix*, Jean-Baptiste-Antoine Ferland*, François-Xavier Garneau* et de plusieurs autres historiens. Quand paraissent à Montréal en 1867 ses Contes populaires, il est précepteur des familles Chaussegros de Léry et Saveuse de Beaujeu à Coteau-du-Lac. Il meurt à cet endroit le 29 octobre 1881.

Paul Stevens a laissé une œuvre considérable et variée. Dédié à Denis-Benjamin Viger*, son recueil de Fables, constitué de 64 apologues, est un travail d’imitation. Comme l’écrit Jacques Blais, « les emprunts aux prédécesseurs (Simonide, Phèdre, Ésope), les références aux dieux de la mythologie, les changements de mètres, les figurations d’animaux et d’êtres humains, de nombreuses situations, plusieurs vers mêmes, appartiennent au fabuliste du xviie siècle [Jean de La Fontaine] ». Mais il a su en plus d’un endroit faire œuvre originale. C’est ainsi par exemple, comme le remarque Blais, que « la Mort reste sourde aux prières du bûcheron » et que « l’aventure du lièvre et de la tortue inspire une moralité nouvelle », à savoir que « Le talent n’est point nécessaire / Si l’on ne sait pas s’en servir ».

Quant à ses Contes populaires, parus antérieurement pour la plupart dans l’Écho du Cabinet de lecture paroissial, on peut les regrouper en trois catégories. Les contes qui s’élaborent autour d’une maxime ou d’un proverbe : « Il ne faut jamais remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même » (la Fortune et Sylvain), « Plus fait douceur que violence » (Pierriche), « L’apparence est souvent trompeuse » (les Trois Frères), « Plus on est vieux, plus on tient à la vie » (Télesphore le Bostonnais) ; les contes en vers, sans doute les moins réussis du recueil, qu’il emprunte aux grands conteurs français (les Trois Souhaits, Jacquot le bûcheux, José le brocanteur) ; enfin les contes de mœurs où Stevens exploite à sa façon quelques thèmes particulièrement chers aux écrivains du xixe siècle, tels l’alcoolisme (Pierre Cardon) et l’exil aux États-Unis (Pierre Souci dit Va-De-Boncœur).

Plus habile versificateur que fabuliste, Paul Stevens se révèle par contre bon conteur. Sans avoir la verve de Louis-Honoré Fréchette*, en particulier dans ses Contes de Jos Violon, l’écrivain belge a laissé des contes en général mieux écrits et mieux structurés que ceux de Léon-Pamphile Le May* ou de Narcisse-Henri-Édouard Faucher* de Saint-Maurice. Toutefois, il n’a pas joui, malgré cette qualité d’écriture, d’une grande popularité auprès du public lecteur québécois et reste un conteur intellectuel formé dans la tradition du xviie siècle. Il véhicule le répertoire international sans chercher à lui donner cette couleur locale, tant dans la langue que dans la description. Mais ses Contes populaires résistent encore à l’analyse et méritent la réédition. Le style est agréable, la langue, soignée.

Aurélien Boivin

En 1857, Paul Stevens publie son recueil de Fables (Montréal) qui réunit plusieurs apologues qui avaient paru dans différents journaux de Montréal et de Québec au cours de l’année précédente. Jacques Blais a analysé cet ouvrage dans le DOLQ, I : 241s., et a présenté la liste complète des apologues contenus dans ce recueil et des journaux dans lesquels ils ont été publiés. De 1859 jusque vers le milieu des années 1860, l’Écho du Cabinet de lecture paroissial (Montréal) a reproduit la plupart des conférences que Stevens a prononcées devant les membres du Cabinet de lecture paroissial ainsi qu’une série d’études que le littérateur a consacrées à certains personnages et événements de l’histoire du Canada. Au cours de ces mêmes années, ce périodique a aussi publié plusieurs des contes que Stevens a réunis en 1867 sous le titre de Contes populaires (Ottawa). Nous avons étudié ces contes dans le DOLQ, I : 151–153, et nous leur avons consacré plusieurs pages dans notre étude sur le Conte littéraire québécois au XIXe siècle ; essai de bibliographie critique et analytique (Montréal, 1975), 337–344. Signalons enfin que l’article suivant mérite d’être consulté : « Bibliographie : contes populaires par Paul Stevens », l’Écho du Cabinet de lecture paroissial, 9 (1867) : 399s.  [a. b.]

AP, Sainte-Geneviève-de-Berthier (Berthierville), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 10 mai 1855 ; Saint-Ignace (Coteau-du-Lac), Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 31 oct. 1881.— Arch. de la ville de Bruxelles, État civil, Reg. des naissances, 1830, n1 430.— Victor Hugo, « Deux lettres inédites de Victor Hugo », La Presse, 5 janv. 1907 : 5, 7.— « Nouvelles et faits divers », JIP, 1 (1857) : 202.— La Minerve, 23 avril, 31 oct. 1857, 17 juill. 1858.— L’Ordre (Montréal), 3 sept. 1860.— La Patrie, 3 nov. 1881.— É.-Z. Massicotte, « Paul Stevens, fabuliste et conteur », BRH, 51(1945) : 373s.— Joseph Royal, « Contes populaires, par Paul Stevens », Rev. canadienne, 4 (1867) : 396–398.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Aurélien Boivin, « STEVENS, PAUL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/stevens_paul_11F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/stevens_paul_11F.html
Auteur de l'article:    Aurélien Boivin
Titre de l'article:    STEVENS, PAUL
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    19 mars 2024